accepter la maladie

Peut-on vraiment accepter la maladie ?

accepter la maladie

Est-il possible d’accepter la maladie ? Qu’il s’agisse d’une maladie incurable, d’une maladie chronique ou d’une longue maladie, accepter les conséquences d’une pathologie dans sa vie et s’y adapter est une expérience très éprouvante.

La maladie entraîne un grand bouleversement dans toutes les sphères de la vie de la personne, mais également dans la vie de son entourage. Les conséquences socio-professionnelles, personnelles et familiales sont nombreuses. Est-il possible et pour quelles raisons devrions nous accepter un tel bouleversement que personne n’a envie de vivre ? C’est ce que vous allez découvrir dans cet article.

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1- Accepter la maladie : définitions

De quoi parlons-nous exactement lorsque nous évoquons le fait d’accepter la maladie ? Si nous regardons la définition du verbe accepter dans différents dictionnaires, nous retrouvons différentes définitions. En fonction de la signification attribuée au verbe accepter, propre à chaque individu, les réactions et les émotions ressenties seront différentes.

1.1- "consentir à recevoir quelque chose, à prendre volontiers un cadeau offert"

Il s’agit de la première définition retrouvée quelle que soit le dictionnaire.

C’est souvent cette définition qui nous vient à l’esprit lorsque l’on s’entend dire d’accepter la maladie. Comment accepter quelque chose d’aussi douloureux dans notre vie ? Il ne s’agit pas d’un cadeau ni de quelque chose d’agréable à recevoir. Je peux refuser un cadeau, le rendre à la personne qui a voulu me l’offrir. Mais comment refuser la maladie qui s’impose malgré soi ? A qui la rendre ?

1.2- "Consentir à subir quelque chose, à le tolérer …, l'admettre, le supporter"

Plus bas dans le dictionnaire Larousse, nous pouvons retrouver une autre définition qui peut sembler plus adaptée pour accepter la maladie.  « Consentir à subir quelque chose, à le tolérer …, l’admettre, le supporter » Cette description aura pour synonymes admettre, supporter, s’accommoder, endurer, se résigner à, tolérer. Les personnes qui disent avoir accepté la maladie ont tendance à définir l’expression en ces termes.

Selon la définition de chacun, il sera plus ou moins envisageable d’accepter la maladie. Certaines personnes préfèrent par exemple utiliser l’expression accueillir la maladie.

Choisir un mot ou une définition qui convient peut déjà être un premier pas pour accepter la maladie.

2- Les différentes phases pour accepter la maladie

1.1- L'annonce du diagnostic

L’annonce du diagnostic entraine des souffrances émotionnelles plus ou moins intenses, même si parfois, elle peut aussi être un soulagement de pouvoir enfin mettre un mot sur un ensemble de maux.

Cependant, l’annonce du diagnostic peut être un véritable choc selon la pathologie et les personnes concernées. Le choc de réaliser que sa vie ne sera plus comme avant. Cette nouvelle situation impose de devoir faire face à plusieurs pertes. La perte de ce que nous ne sommes plus capables de faire, le deuil d’un emploi qui nous passionnait, la privation de certains loisirs, l’altération de l’image que nous avions de nous-même …

C’est être confronté aux incompréhensions de l’entourage et des autres en général. Subir leurs paroles déplacées « tu te trouves des excuses avec la maladie », ou encore « c’est dans ta tête » ou les reproches si vous utilisez votre droit de vous assoir à une place prioritaire si votre handicap ne se voit pas…

Comment est-ce possible dans ces conditions d’accepter la maladie ?

1.2- Les différentes étapes pour accepter la maladie

D’un point de vue psychologique, toutes ces pertes peuvent êtres vécues comme des deuils à faire. Le mot deuil est utilisé ici dans le sens de perte et de transition de vie importantes et ne fait pas du tout référence au décès. Lors d’une perte, ou d’un deuil, nous passerons par différentes phases avant de parvenir à « accepter » la situation.

Le docteur Elisabeth Kübler-Ross, psychiatre, a défini 5 étapes lors du deuil :

  • Une phase de déni, où l’on ne croit pas à ce qui nous arrive. On peut penser qu’il s’agit d’une erreur de diagnostic, que c’est passager etc.
  • Une phase de révolte face à la situation imposée avec la maladie, ainsi qu’une incompréhension « mais pourquoi moi ? ». Durant cette étape, la personne peut être agressive parfois avec son entourage.
  • Une phase de négociation, je n’ai pas le choix mais peut être que ….
  • Une période de réflexion et de déprime. Des pensées telles que « ma vie ne sera plus jamais comme avant » viennent à l’esprit, la personne peut ne plus avoir envie de se soigner, elle peut aussi se replier sur elle-même.
  • Une phase d’acceptation. C’est lors de cette phase que la personne commence à mieux vivre avec sa maladie, à faire des projets et envisager l’avenir. Elle s’en accommode, la supporte en s’y adaptant.

Il est important de comprendre que nous ne passons pas forcément par toutes ces étapes lors d’une perte. Nous pouvons passer par certaines d’entre elles et cela fait partie d’un processus normal. Connaître ces étapes permet de rationaliser notre vécu et de savoir qu’il s’agit d’une phase temporaire normale et non définitive. Chaque personne vit différemment les processus de perte. Il faut savoir que le parcours n’est pas linéaire. De plus, selon l’évolution de la maladie, un nouveau symptôme, une aggravation par exemple et nous pouvons vivre de nouveau une phase précédente et faire ainsi des allers et retours. Chacun chemine à sa façon, il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises façons d’évoluer. Etre bien entouré et accompagné dans la bienveillance va beaucoup aider la personne concernée par les différentes pertes.

3 Les bénéfices de l'acceptation de la maladie

La maladie est une réalité inévitable de la condition humaine. Alors que notre instinct naturel peut être de résister et de lutter contre la maladie, il est essentiel de comprendre l’importance d’accepter la maladie. Voici quelques raisons pour lesquelles il est crucial d’adopter une attitude d’acceptation face à la maladie.

3. 1 Favoriser le bien-être émotionnel :

L’acceptation de la maladie est une étape importante pour préserver notre bien-être émotionnel. Lorsque nous résistons et refusons d’accepter notre condition médicale, nous nous retrouvons souvent pris au piège d’un cycle de frustrations, de colère et de tristesse. Nous pouvons même aller jusqu’à lutter contre nous même en voulant lutter contre la maladie.

En acceptant la réalité de notre maladie, nous sommes mieux équipés pour gérer nos émotions et trouver des moyens de faire face à la situation avec une attitude positive.

3.2 Faciliter le processus de guérison ou de stabilisation de la maladie chronique :

Accepter la maladie ne signifie pas renoncer à tout espoir de guérison. Au contraire, cela nous permet de concentrer notre énergie sur des actions positives et de prendre des mesures pour améliorer notre état de santé. L’acceptation nous aide à mieux comprendre notre maladie, à suivre les traitements médicaux recommandés et à adopter des changements de mode de vie qui peuvent favoriser notre rétablissement. En reconnaissant notre état de santé, nous devenons également plus ouverts à rechercher des conseils et un soutien supplémentaire, ce qui peut jouer un rôle crucial dans notre processus de guérison ou de stabilisation.

3.3 Réduire le stress et l'anxiété :

La lutte contre la maladie peut souvent entraîner un niveau élevé de stress et d’anxiété. Cependant, en acceptant la réalité de notre situation, nous pouvons réduire ces niveaux de stress. Lorsque nous acceptons que la maladie fait partie de notre réalité actuelle, nous nous libérons de l’incertitude et des attentes irréalistes. Cela nous permet de nous concentrer sur des aspects plus constructifs, tels que la gestion de notre santé et l’adoption de stratégies d’adaptation efficaces pour faire face aux défis qui se présentent.

4 Et si je n'accepte pas la maladie ?

Certaines personnes refusent d’accepter la maladie. Il s’agit souvent d’un refus de l’évolution prévisible concernant une maladie invalidante. Pour ces personnes, cette non-acceptation va les motiver à mettre en place certaines actions et à s’y tenir. C’est le cas par exemple des personnes qui décident de pratiquer assidument une activité physique pensant ainsi éviter ou repousser le plus tardivement possible le fait de se retrouver dans un fauteuil roulant. C’est un refus bénéfique dans le sens où cela leur donne de la motivation et les aide au quotidien.

L’important est de ne pas rester dans la phase déni évoquée plus haut par Dr Kübler-Ross. Reconnaître la réalité vécue pour être conscient des limites physiques que la pathologie impose. Cela permettra de ne pas l’aggraver et d’éviter de se blesser par déni de ses nouvelles limitations physiques.

5 Comment accepter la maladie ?

5.1- Reconnaître et exprimer vos émotions :

Il est normal de ressentir de la colère, de la tristesse, de la frustration ou de la peur face à une maladie. Autorisez-vous à ressentir ces émotions et exprimez-les de manière saine, que ce soit en en parlant à un proche, en tenant un journal ou en recherchant le soutien d’un coach de santé.

5.2- Prendre soin de soi :

Adoptez des habitudes de vie saines qui favorisent votre bien-être physique et mental. Cela peut inclure une alimentation équilibrée, de l’exercice régulier (adapté à votre état de santé et à vos possibilités physiques), suffisamment de sommeil, la gestion du stress et la pratique de techniques de relaxation.

5.3- Accepter les nouvelles limites et s'y adapter :

Reconnaître que la pathologie peut apporter des limitations physiques ou des changements dans votre vie quotidienne est une étape importante pour mieux vivre avec elle. Apprenez à vous adapter à ces limites et recherchez des solutions pratiques pour les surmonter. Faites-vous accompagner dans cette démarches si besoin. Une aide extérieure est souvent bienvenue et salutaire dans cette situation.

5.4- Se faire accompagner pour mieux accepter la maladie :

Il peut être très difficile voire impossible parfois de faire ce chemin d’acceptation de la maladie seul. Il existe des programmes d’accompagnement spécifiques pour vous soutenir et vous aider. Envisagez un accompagnement en coaching maladie chronique avec une coach de santé spécialisée dans les maladies chroniques. Cet accompagnement vous aidera à faire face à la situation et à gérer les défis imposés par la maladie. Vous serez accompagné pour apprendre à vivre plus sereinement avec la maladie chronique et avec vous-même et à vous créer une vie plus valorisante et épanouissante. 

Rappelez-vous qu’accepter la maladie prend du temps, et qu’il est normal d’avoir des hauts et des bas tout au long du processus. Soyez patient et doux avec vous-même. Donnez-vous le temps nécessaire pour trouver votre propre chemin vers l’acceptation de la maladie.

Conclusion

En conclusion, accepter la maladie est un processus complexe et profondément personnel. Il dépend de chaque individu et de sa capacité à faire face à cette réalité. Il est essentiel d’adopter une attitude bienveillante envers soi-même afin de mieux vivre avec les conséquences de la maladie et d’envisager sereinement l’avenir. Sachez que l’acceptation ne signifie pas la résignation, mais plutôt une adaptation face à une réalité nouvelle, pour vivre au mieux avec la maladie.

Sources

 1- Ridder D, Geenen R, Kuijer R, van Middendorp H. Psychological adjustment to chronic disease. Lancet. 2008 Jul 19;372(9634):246-55. doi: 10.1016/S0140-6736(08)61078-8.